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Roman à énigme
mercredi 3 février 2010
Dans la foulée de Sherlock Holmes vont alors apparaître de nombreux détectives, et la nouvelle, genre littéraire où sévissaient jusque là nos enquêteurs, laisse place au roman « whodunit ». Cette contraction de l’anglais « who done it ? » (qui l’a fait) devient en France « roman à problème » ou « roman à énigme », un sous-genre à part entière.
Dans le roman à énigme, le détective cherche le coupable au sein d’un groupe de
suspects tour à tour présenté par l’auteur. D’un interrogatoire l’autre, on suit donc le détective dans sa quête de vérité, pour le voir aboutir généralement au fameux dévoilement de l’affaire, le plus souvent dans une scène finale où il expose les clés de son raisonnement. Il devient très vite admis que l’auteur s’amuse avec son lecteur, lui donnant la possibilité de jouer lui aussi les détectives et de parvenir aux mêmes conclusions que son héros.
La reine incontestée du roman à énigme est Agatha Christie (1890-1976), qui devait connaître un succès considérable à partir de 1920, date de la première enquête de son personnage principal, Hercule Poirot dans La Mystérieuse affaire de Styles. Jusqu’en 1940, l’Angleterre est alors la nation phare de cet âge d’or du roman à énigme avec des auteurs aussi importants que Dorothy L. Sayers (1893-1957), la créatrice de l’enquêteur Lord Peter Wimsey, Anthony Berkeley (1893-1971) et ses personnages un tantinet décadents, Edith Ngaio Marsh (1895-1982) et son aristocrate Roderick Alleyn, et Françis Beeding (pseudonyme d’un tandem d’auteurs) resté célèbre pour La Maison du Docteur Edwardes adapté au cinéma par Alfred Hitchcock et surtout La Mort qui rôde, chef-d’œuvre à redécouvrir.
D’autres pays ne sont pas en reste, au premier rang desquels les Etats-Unis avec des
auteurs au sommet dans les années 1930. On doit évidemment citer S.S Van Dine (1888-1939), célèbre pour La Mystérieuse affaire Benson et son Philo
Vance mais aussi pour ses « 20 règles du roman policier », Earl Derr
Biggers (1884-1933)et son policier de Honolulu Charlie Chan, Rex Stout (1886-1975) et son corpulent détective Nero Wolfe, le tandem Ellery Queen ou John Dickson Carr (1906-1977), un des maîtres du genre dans le genre, le roman de « chambre close », ou le whodunit se transforme en « Mais comment un tel crime fut-il possible ? ».
La transition est toute trouvée pour parler de la France et des exploits du reporter Rouletabille, à la recherche du criminel de la brave Mlle Stangerson dans Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux (1868-1927). L’Hexagone qui se distingue dans un autre registe avec les exploits de deux héros hors norme, l’Arsène Lupin de Maurice Leblanc (1864-1941) et le Fantomas de la paire Marcel Allain (1885-1969)-Pierre Souvestre (1874-1914). Force est cependant de constater qu’en dehors de ces grands précurseurs, la France ne plonge véritablement dans le genre qu’à partir de 1927, grâce à la création de la collection Le Masque par Albert Pigasse.